Le Gui... un parasite?

Le Gui... un parasite?

Ah, le gui ! Voilà une plante bien particulière, entourée de légendes et de traditions, mais qui joue aussi un rôle bien réel dans la vie des arbres. 

🌿 Qu'est-ce que le gui ?

Le gui (nom scientifique Viscum album) est une plante hémiparasite. Ça veut dire qu’elle se fixe sur les branches d’un arbre pour en tirer de la sève, mais qu’elle fait aussi sa propre photosynthèse avec ses feuilles vertes. Elle ne tue pas l’arbre d’un coup, mais elle lui prélève une partie de son énergie.

🌳 Sur quels arbres pousse-t-il ?

Le gui préfère les feuillus :

  • Pommiers

  • Peupliers

  • Tilleuls

  • Aubépines

  • Parfois les saules ou les érables
    Il est plus rare sur les conifères, mais on peut en trouver sur certains pins.

🌱 Comment le gui s’installe-t-il ?

La nature est bien faite — ou bien rusée ! Les oiseaux, surtout les grives et les fauvettes, mangent les baies du gui (blanches, gluantes) et en recrachent ou défèquent les graines sur les branches.
Ces graines collantes s’accrochent à l’écorce, germent et pénètrent peu à peu dans le bois pour s’y installer.

Est-ce dangereux pour l’arbre ?

Oui et non.
Un peu de gui, c’est généralement supportable pour l’arbre. Mais quand il y en a beaucoup, le gui pompe trop de sève, ralentit la croissance, fragilise les branches, et peut rendre l’arbre plus sensible au gel ou aux maladies.
Les vieux pommiers sont souvent les plus touchés.

 

 Que faire quand il y en a trop ?

l’élagage manuel est le seul moyen vraiment efficace.
Il faut couper les rameaux porteurs juste derrière l’endroit où le gui est attaché, voire un peu plus loin, car il peut repartir si on le laisse en partie sous l’écorce.
L’opération se fait en hiver, quand les feuilles sont tombées : le gui est bien visible et plus facile à atteindre.

Le gui : un parasite... mais pas un voleur pur et simple

Il prend, oui, mais il donne aussi. Dans un écosystème sain et équilibré, le gui remplit plusieurs fonctions précieuses, surtout en hiver, quand la vie semble ralentie. En voici quelques-unes :

Nourriture pour les oiseaux

Les baies du gui, bien blanches et gluantes, sont une source essentielle de nourriture en hiver, quand il n’y a presque plus rien à becqueter.
Elles attirent :

  • Les grives (grive draine surtout)

  • Les fauvettes

  • Le merle noir

  • Et quelques autres petits passereaux

Ces oiseaux deviennent des vecteurs de dispersion du gui, un peu comme les abeilles pour les fleurs.

🐛 Habitat pour les insectes

Le gui abrite plusieurs insectes spécialisés qui vivent uniquement sur lui :
Certains coléoptères, pucerons ou petites chenilles ne se nourrissent que des feuilles ou des tiges du gui.
En cela, le gui soutient une petite biodiversité cachée qu’on ne soupçonne pas.

🦉 Perchoir et abri

Dans les arbres dépouillés en hiver, le gui reste vert, dense et bien rond.
Les petits oiseaux peuvent s’y cacher du vent, des prédateurs ou de la pluie.
Et certains rapaces nocturnes, comme la chouette chevêche, s’en servent parfois comme poste d’observation.

 

🪱 Fait partie de la régulation naturelle

Quand un arbre est trop faible ou vieillissant, le gui s’y installe plus facilement.
Certains naturalistes disent que le gui agit comme un indicateur de stress, voire un agent de sélection naturelle, en affaiblissant les arbres déjà fragiles et en laissant plus de place aux plus vigoureux.

 

🌱 Et pour nous, humains ?

Il faut le dire : le gui a aussi des propriétés médicinales traditionnelles.
En phytothérapie, on l’utilise (avec précaution !) pour ses effets contre :

  • L’hypertension

  • Certains troubles nerveux

  • Et même comme traitement complémentaire dans certains protocoles contre le cancer (notamment en Allemagne, avec le fameux Iscador)

Mais attention : ses baies sont toxiques si on les mange crues en grande quantité !

 

En somme, le gui est un peu comme ces personnages dans les vieux contes : à la fois mystique, un peu inquiétant, mais bien ancré dans le cycle de la vie. Il dérange quand il est trop envahissant, mais quand il est là en juste quantité, il enrichit la trame vivante de la forêt.